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Un français à Beijing
6 septembre 2012

6 septembre, jour 6 :

6 septembre, jour 6 :

 

Aujourd'hui, rien à faire d'urgent, donc je m'autorise une petite grasse matinée. Après avoir paressé au lit jusqu'onze heures, je finis par me lever. Quelle n'est pas ma surprise de voir que Michael dort toujours. Quand je suis parti vers quatorze heures hier, il dormait à poings fermés, je suis rentré vers dix-neuf heures où je l'ai trouvé dans le même état et il n'a pas bougé depuis. Je regarde rapidement s'il ne s'est pas noyé dans son vomi, mais il bouge paisiblement. Pas loin de vingt quatre heures de sommeil, j'avais encore jamais vu ça.

Après avoir flâné paresseusement, je me dirige lentement vers la cantine (il est déjà midi), bien décidé à ne pas recommencer l'erreur de la veille. Le beau ciel bleu auquel je m'étais habitué fait aujourd'hui place à un ciel blanc qui tire vers le gris. Je ne sais pas si c'est la pollution, mais il y a presque du brouillard. J'entre dans la cafet' et croise un groupe d'occidentaux assis à la même table. J'en reconnais un ou deux ; ils étaient à mon test d'hier matin. J'hésite un peu à les rejoindre, mais il n'y a pas de place libre, donc je ne m'impose pas et me pose deux tables plus loin. Je baisse la tête et examine mon assiette : des espèces de toutes petites pâtes genre gnocchi, avec une légère sauce tomate. Je reconnais quelques bouts de carottes ça et là, peut être un filet de poivron vert et ce qui ressemble à des pousses de soja. Ca sent délicieusement bon alors j'essaie et en saisis quelques unes avec mes baguettes. Je mâchonne un instant : Mmmmh, un régal. Etrangement, ça a le gout de viande ; j'inspecte plus attentivement le plat et y décèle des infimes tranches d'omelettes qui enrichissent encore le gout déjà très parfumé. Je n'ai pas le temps de continuer plus amplement mon repas qu'un hurluberlu avec une grande barbe blonde et des yeux bleus vifs m'interpelle. Would you join us ? Sans hésiter, j'acquiesce en souriant et les rejoins à la table où ils m'ont tous aménagé une petite place. Pendant quelques minutes, je suis la cible d'un déluge de questions : mon nom, mon pays, mon parcours scolaire, mon niveau chinois, tout y passe. Ils sont cinq : trois occidentaux et deux asiatiques. J'ai oublié le nom de ces derniers, et le second était trop loin pour qu'il me dise d'où il venait, mais l'autre vient de Mongolie. Les occidentaux quant à eux sont tous anglo-saxons : une fille dont je n'arrive plus à me rappeler le nom qui vient des Etats-Unis et deux garçons : Eric (le barbu) et John, tous deux d'Angleterre. Ils parlent extrêmement vite sans aucun accent (ce qui change de l'anglais baragouiné par les rares chinois qui le parlent), mais j'arrive à suivre et à m'exprimer sans aucun problème. C'est sur que par rapport au chinois, c'est cakewalk. Très gentils et très curieux, ils me soûlent déjà. Mais bon, je suppose que je vais les côtoyer pendant toute l'année, donc autant en prendre mon parti et "intégrer" le groupe le plus vite possible. Ils ont tous fini de manger et m'attendent, donc j'accélère le rythme et engloutis (avec bonheur) mes dernières pâtes. Tous le monde se lève, puis quitte la cafétéria et se disperse. Je regagne avec John mon bâtiment ; ce dernier m'informe que si je veux "hang out" avec eux cette après-midi, il n'y a pas de problèmes. Malheureusement (sauvé !), Marie Astrid m'avait invité à l'accompagner acheter je ne sais quoi, et m'avait proposé de profiter de cette occasion pour acheter mon téléphone. Je réponds donc à John que je suis pris, mais qu'à l'avenir pourquoi pas.

Je rentre dans ma chambre et miracle, Michael est debout, quoique le regard un peu vitreux. Je profite de son mutisme pour regarder entamer une nouvelle série (Rome), avant de rejoindre Marie-Astrid. On avait prévu un rendez vous devant le métro Fuchengmen à quinze heures quarante-cinq. Fidèle à mes principes, j'arrive vers cinquante et guette la sortie du métro : personne. Je fais le tour, mais ne l'apercevant toujours pas, je patiente devant la sortie et observe les chinois. Vingt minutes plus tard, elle n'est toujours pas là, alors je m'apprête à partir, quant je la vois qui arrive toute essoufflée. Elle sort de la banque où elle a enfin pu obtenir le virement de ses parents, soit quatre mois de loyer qu'elle trimbale comme ça sur elle.

Nous nous dirigeons donc vers le magasin de téléphone, au beau milieu d'une grande surface. Avec beaucoup de difficulté, je commande un téléphone, une SIM card (ximeka), et de quoi appeler en France. Marie-Astrid quant à elle se fait réparer son iPhone dont l'écran est complètement défoncé. Ca prend du temps alors j'observe ce qui m'entoure : derrière moi une espèce de magasin où une dizaine de jeunes filles sont assises et se font faire une manucure. Un vieil homme surveille le magasin de téléphonie ; au début je ne suis pas sur, mais c'est bien ça : il a une espèce de grain de beauté sur le menton. Sur ce monticule sont greffés quatre ou cinq poils (cheveux) qui lui descendent environ... en dessous des pectoraux. Je me retourne et vois Marie-Astrid qui l'observe d'un air effaré. Comme son truc prend longtemps, je fais le tour du magasin et me balade. Etrangement, à quelque étage que ce soit, je ne vois que des magasins pour filles. Soins, produits de beauté, parfum, chaussures, maroquinerie, tous les produits proposés sont essentiellement féminins. Encore une bizarrerie. Je rejoins Marie Astrid qui est en train de payer : son téléphone est comme neuf. Il commence à être tard alors nous regagnons le métro. Il est dix sept heures à peine et le ciel est sombre et menaçant. On se dirige alors vers le marché de vêtements qu'elle cherchait ou je ne sais quoi, parcoure les rues à sa recherche mais ne le trouve pas. Comme elle a encore trois visites à faire ce soir (elle cherche une colocation en dehors de la CFAU), on reprend le métro, elle pour ses visites, moi pour mon dortoir. Quand je sors du métro, il pleut à verse. Manque de pot, je n'ai pas de parapluie, et l'école est encore assez loin à pied. Je suis tenté par un taxi, mais je me dis que si je commence comme ça, je finirai ruiné alors je cours sous l'averse et regagne mon chez-moi.

 

J'ai une visite médicale carabinée qui m'attend demain à sept heures et demie du matin (à jeun forcément), alors je ne la fais pas trop longue, la suite dans le prochain épisode.

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