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Un français à Beijing
27 juillet 2013

Chapitre 13 : Dali, l'escale paisible.

Chapitre 13 : Dali, l'escale paisible.

De retour des Gorges, on passe la nuit chez Mama Naxi, que l’on prolonge d’une grasse matinée largement méritée. Journée de transition entre Lijiang et Dali. On passe la fin de matinée à nous balader dans les ruelles de Lijiang à faire un peu de shopping.

Puis, après avoir dit au revoir à Mama, qui nous donne à chacun un baozi et une banane pour la route en nous gratifiant de son plus beau sourire, nous prenons un bus pour Dali.

Après quelques heures, le bus descend lentement de la montagne, et sous nos yeux s’étale un nouveau paysage. Il doit être environ dix-huit heures, mais le ciel se charge de nuages noirs qui s’amoncèlent d’une façon menaçante. C’est assez étrange, car, en même temps, des rais de lumière percent la voute céleste striant le ciel sombre de rayures claires. Une large vallée s’étale à nos pieds. Autre curiosité, les champs sont d’un vert vif, encore une fois assez étrange.

C’est dans ce paysage biblique que nous sautons en route du bus qui ne s’arrête pas à Dali. Une bonne demi-heure de marche nous attend avant de gagner la ville en tant que telle.

Le soleil s’est couché lorsque nous entrons dans Dali. Erik, qui est déjà venu, nous conseille un hôtel, mais celui-ci se révèle être fermé. Chanceux, on n’a pas à marcher trop longtemps pour en trouver un autre. La douche fait du bien à tout le monde, et nous redescendons directement pour faire un tour. Tout le monde a faim, donc on avise un restaurant. Après avoir joué pendant une minute avec deux enfants qui nous regardent avec de grands yeux, nous commandons chacun les « nouilles-qui-traversent-le-pont ». En sortant du restaurant, on avise un vendeur de gaufres. Oui, vous avez bien entendu, des bonnes gaufres liégeoises au sucre. Bon, c'est pas "La Gueulardière" de Lille, mais ça reste inattendu. 

Dali est sans aucun doute une ville touristique, mais pas de la même manière que Lijiang par exemple. Aussi, on n’aurait jamais pensé à le faire là-bas, mais ici, on décide d’aller dans un bar qui fait aussi office de boite de nuit. Les consommations sont assez chères, et on commence tous à fatiguer un peu, donc on décide de mettre les voiles. Alors que je galère à enfiler mon manteau avec mon poignet déficient, les autres sortent. Je les rejoins une minute plus tard, mais, avant de pouvoir quitter la boite, trois jeunes chinois m’abordent et m’invitent à m’assoir à leur table et boire avec eux. D’un point de vue extérieur, ça peut paraître assez étrange, mais j’avoue qu’en Chine, c’est une expérience que l’on a eu à plusieurs reprises. Je reste donc à parler et boire avec eux, avant de me rappeler les autres dehors. Je m’empresse d’aller les rappeler, et ils nous rejoignent tous à la table pour le plus grand plaisir de mes nouveaux amis.

Ils parlent un peu d’anglais, on parle un peu de chinois, on se comprend tant bien que mal, mais ça discute abondamment. Ils viennent tous du Guangdong (Canton, Sud-Est de la Chine), et sont, d’après ce qu’on a compris, de tous récents concepteurs graphiques. Ils adorent le cinéma américain, et nous parlent de pas mal de films qui sont pour nous inconnus. Ils sont assez particuliers, voire représentatifs d’une certaine jeunesse chinoise (phrase assez tordue j’en conviens). Ils ont adoré Le Secret de Brokeback Moutain (les chinois sont globalement très peu tolérants envers l’homosexualité), ils utilisent des VPN qu’ils ont eux-mêmes créés afin d’éviter la censure, bref, ils ne sont pas exactement ce qu’on pourrait appeler des « chinois modèles ».

Pour autant, ils ne sont pas dénués de personnalité propre non plus ; par exemple, ils ne comprennent pas pourquoi le cinéma chinois s’inspire du cinéma japonais ou américain, et ne développe pas un « cinéma chinois » avec ses normes et caractéristiques propres. On boit beaucoup, rions encore plus, pour finir par aller se coucher, après avoir échangé nos numéros respectifs.

Le lendemain matin, suivant les conseils d’Erik, nous prenons un petit déj’ dans une bakery allemande, avec, tenez-vous bien, un sandwich baguette avec du jambon de parme, et du beurre salé. Oui, je sais, ça ne fait pas trop allemand, mais c’est un régal. Les finances ne sont pas au meilleur de leur forme, mais nous passons un pur moment de bonheur gustatif en retrouvant avec délice le charme de la cuisine européenne, qui passe plutôt bien après les dizaines de bols de nouilles et de riz sauté que l’on s’enfile depuis quelques mois.

Dali est une ville très posée, et le temps est magnifique, alors on en profite pour se balader. Sara et Léo partent de leur côté, alors qu’Erik et moi continuons de l’autre. On en profite pour discuter un peu, et je me rends compte qu’il a voyagé énormément. Avec notamment un pari un peu fou : partir de Stockholm, et continuer vers l’Est, tant qu’il ne doit pas prendre l'avion. Résultat : avec une équipe de potes, il a traversé l’Europe de l’Est en voiture jusque Moscou. De là, il a pris le transsibérien et parcouru toute la Russie pour atterrir à Vladivostok. Puis il est descendu en Corée, puis en Chine, avant de prendre le bateau pour Taiwan. De là, il a rejoint Shanghai, d’où il a pris un train et des bus jusqu’en Asie du Sud-Est où il a enchainé le Vietnam, le Cambodge, la Thaïlande et la Birmanie. Je crois qu’il voulait finir aux Philippines, mais, impossible d’avoir un bateau de là, il était obligé de prendre l’avion, ce qui a mis fin à son voyage… Assez impressionnant quand on y pense.

On croise des chinois que se font prendre en photo dans des costumes traditionnels ou de films, et on finit par retomber sur Sara et Léo (la ville n’est pas énorme), qui ont repéré un barbier. Léo aimerait se faire raser par un local, et nous avons tous les trois sérieusement besoin d’une bonne coupe de cheveux. Bon, on va hyperboliser un peu, mais en quelques mots… ce coiffeur nous a défiguré tous les trois, et a manqué d’égorger Léo. Pour autant, il était adorable et on s’est bien marré (notamment devant l’air effaré de Léo).

Il fait un soleil magnifique, le ciel est d’un bleu sans nuages (ça nous change pas mal de Beijing), et un petit vent vient même nous rafraichir. On en profite donc pour continuer notre balade. On prend vers un immense lac qui scintille au loin, mais on se rend compte au bout d’un moment qu’il est beaucoup trop éloigné pour qu’on puisse l’atteindre sans rater notre bus du soir. On se cantonne à la partie ouest de la ville dont on emprunte les rues qui serpentent. C’est assez drôle, mais là on tombe sur… des hippies chinois. Il y en a qui chantent, d’autres qui dansent, il y en a même qui vendent à même le sol des bijoux qu’ils viennent de faire. Je ne suis pas sûr que ça ait été du gout de Mao, mais l’on trouve ça assez sympa.

On finit par s’arrêter sur la terrasse d’un café, à l’ombre d’un mur à moitié en ruines, où tout le monde commande un chocolat chaud. Moi je meurs de faim, mais, après le petit déj’ de ce matin, mon budget, déjà au plus bas, continue de chuter, ce qui fait que je m’abstiens. Les chocolats arrivent, que Sara accompagne d’un cheesecake (vous l’avez compris, Dali est une ville assez touristique qui propose des « mets étrangers »). Je fais un peu la gueule, mais, quand je vois leur tête après la première gorgée qu’ils avalent, je triomphe. Apparemment, la mixture est des plus détestables. Tout le monde éclate de rire après que Sara goute son cheesecake, qui est, d’après elle, littéralement immangeable.

Le soleil commence lentement à décroitre alors on prend le chemin du retour vers l’hôtel. Par faim comme par gourmandise, je ne peux m’empêcher de reprendre une gaufre au vendeur de la veille. Je ne sais pas ce que j’ai en ce moment, mais je suis perpétuellement affamé. Ça doit être le contrecoup de mes précédents problèmes intestinaux, mais je ne fais que manger. On rentre à l’hôtel, où je commande des raviolis, qui ne me rassasient toujours pas. Je les accompagne donc d’un sandwich, avec des frites. Un ping-pong avec Erik, puis un dernier baby-foot en attendant le bus, et on décolle.

Autant, j’avais eu une super expérience du bus de nuit en allant à Lijiang, autant, là, le voyage est un cauchemar. Les lits sont encore plus petits que la dernière fois (apparemment, c’est possible), ce qui fait que je ne tiens même pas, non seulement en longueur, mais aussi en largeur. C’est assez insupportable, encore plus quand le bus commence à rouler. Mais la meilleure part reste quand tout le monde autour de nous se met à fumer. On doit être une bonne cinquantaine de personne dans un minuscule espace ce qui fait que je m’en prends continuellement plein la figure. Le bus est censé arriver à Kunming à deux heures du matin, mais on nous a dit que le chauffeur laisserait ceux qui le souhaitent y dormir jusqu’à six heures.

Alors que le bus roule, j’abandonne l’idée de m’endormir avant qu’il n’arrive à Kunming et que des gens sortent, alors j’en prends mon parti, et avale sans discuter la fumée de mes voisins. Au bout de quelques heures, on arrive enfin, et la moitié du bus descend. Puis, alors que j’essaie de trouver une position confortable pour me caler et dormir quelques heures, les lumières s’allument et le chauffeur hurle à tout le monde de sortir.

Nous, on croit avoir mal compris, donc on se regarde un peu interloqués, mais quand on voit le mot « shabi » (connard) se dessiner sur les quelques bouches des passagers restés finir leur nuit, on se rend compte qu’on ne s'est pas trompé… et que l’on nous expulse carrément du véhicule qui rentre à Dali !

D’une humeur massacrante, on empoigne nos bagages, et sortons du bus. Il est 2h20 du matin, on est dans la banlieue de Kunming, et on a… aucune idée de quoi faire. On hésite entre la nuit blanche, la nuit sous un pont et la nuit à l’hôtel. Erik, l’optimiste du groupe prend tant bien que mal les choses en main, et on finit par trouver un taxi pour le centre de Kunming. On rejoint le Hump, où une hôtesse endormie nous voit arriver avec des yeux pour le moins étonnés. On lui explique rapidement notre situation, mais elle nous rétorque, désolée, qu’il ne leur reste que deux lits. Petit moment de silence, où on se regarde tous les quatre en chiens de faïence. On n’en peut vraiment plus, on est crevés, en colère, bref, un peu tendus. Puis, on s’arrange à la bien : Sara et Léo vont prendre un lit à deux, Erik le second lit, et moi l’hôtesse va me caser dans la pièce DVD de l’hôtel.

Elle est située juste à côté de la salle commune de l’hôtel, donc Erik me prête des boules quies. On me met un matelas par terre avec une couverture et un oreiller, et je m’installe tant bien que mal. J’éteins la lumière et essaie immédiatement de dormir, mais je n’arrive pas à trouver le sommeil. Je sens des démangeaisons sur mes bras, puis sur mes épaules. Génial, les couvertures sont pleines de punaises. J’imagine déjà le pire, et essaie de dormir avec mes vêtements, mais les démangeaisons continuent. Il me faut un bon quart d’heure pour réaliser que lesdites punaises, sont en fait des moustiques. Sauf qu’avec des boules quies, je ne les entendais même pas venir. Une petite pensée à De Funès dans Fantômas, et je m’endors.

 

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Commentaires
A
Je vais essayer autant que faire se peut. <br /> <br /> Je prévois même une petite conclusion.
B
Y aura t il une suite?
Un français à Beijing
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