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Un français à Beijing
16 septembre 2012

15 septembre, jour 15 :

15 septembre, jour 15 :

 

J’ai un peu de retard niveau calendrier, mais lorsque je suis rentré hier soir à trois heures passées, raconter ma journée n’était pas ma principale préoccupation. Me revoilà donc, avec un jour de retard, certes, mais bien décidé à vous compter ma soirée d’hier.

La journée a été courte, consacrée principalement à faire mes petites emplettes de la semaine à Carrefour. Je suis rentré vers dix-huit heures et, après avoir parlé un peu avec mes parents, me suis mis en route.

Mais contextualisons un peu ; il y a quelques jours, Marie-Astrid et moi nous sommes dits que ce ne serait pas mal de goûter un canard laqué ; en effet, c’est la grande spécialité de Beijing et, après deux semaines, nous n’avions même pas essayé : il nous a donc paru nécessaire de combler cette lacune. Il faut aussi savoir que cette même Marie-Astrid avait son anniversaire ce week-end. Nous n’étions également pas encore sortis la nuit, deux semaines après notre arrivée, et comptions aussi remédier à cette situation. Nous avons donc fait une pierre à deux coups hier, en prévoyant d’aller manger un bon canard laqué, avant de fêter son anniversaire dans un bar.

Vers dix-neuf heures, je me suis donc rendu au rendez-vous fixé, afin de retrouver Sara et Marie-Astrid. Coïncidence assez extraordinaire (surtout à Beijing), j’ai croisé Sara dans le métro ; nous avons donc fait la route ensemble, avant d’atterrir dans la Rue des Fantômes (ou des Lanternes selon les goûts), notre point de rendez-vous. Après avoir retrouvé Marie-Astrid, nous avons remonté la fameuse rue afin de nous rendre au restau. C’est une artère assez importante et très vivante, car sur tout le long de la rue sont alignés des dizaines de bars, restaurants, boîtes de nuits, et autres vendeurs de rues. On aurait pu également l’appeler la rue des Pipas, car sur les quelques dizaines de mètres que nous avons parcourus, le sol était jonché, mais vraiment partout, de restes de graines de tournesols, dont les chinois sont particulièrement friands. Après avoir refusé plusieurs fois les produits proposés par les marchands et décliné les invitations à manger chez eux des restaurateurs, nous sommes finalement arrivés devant notre restau : Le Hua’s. Pourquoi celui-là ? Parce qu’il est connu pour justement ses canards laqués, revendiqués comme les meilleurs de Beijing. L’entrée extrêmement imposante, nous a un peu impressionné, mais nous avons poursuivi vers l’intérieur. A chaque pas, une nouvelle découverte : une salle remplie d’aquariums avec des poissons étranges et gigantesques (destinés à être cuits), une antichambre où une dizaine d’hôtesses drapées de jaune se sont toutes inclinées sur notre passage, une entrée gigantesque et ornée avec magnificence… Quand nous avons finalement passé la porte principale, nous n’étions pas au bout de nos surprises : une salle immense s’étalait devant nous, divisée par des larges « allées » qui séparaient des tables richement garnies. Sans nous laisser plus le temps de nous ébahir, une hôtesse, dans une longue robe chinoise d’un violet pâle nous a accueillis avant de nous mener à notre table, à l’étage. Une nappe d’un blanc éclatant, des lustres magnifiques, des baguettes en bois sombres ornées de filaments argentés, des cure-dents en acajou… j’avais l’impression d’avoir atterri au beau milieu d’un roman. Notre hôtesse nous fait signe de prendre place sur une banquette en velours qui entoure la table, tandis qu’un autre serveur nous tend trois imposants grimoires, avant de nous laisser. A ce moment-là, on s’est regardés tous les trois avec un grand sourire et un air moitié hébété, moitié ébloui. Machinalement, on a ouvert nos grimoires, juste avant de découvrir que c’était en fait les menus. Je ne mens pas, mais il faisait au moins une cinquantaine de pages, nous proposant des mets divers et variés. A chaque fois que l’on tournait la page, des nouveaux plats incroyables nous y attendaient : viandes, poissons (dont des tortues), ils avaient mêmes des french snails. Mais le plus éblouissant n’était pas tant le nombre de plats que les images qui y correspondaient : la présentation était d’un raffinement à couper le souffle, on se serait vraiment crus à la finale du concours de cuisine des plus grands chefs du monde. Presque déçus de commander le canard laqué devant la magnificence de tous les autres plats, nous nous y sommes finalement résignés (!).

Quelques minutes plus tard, deux serveuses viennent installer une sorte de grand et haut tabouret devant notre table, pendant qu’un chef y prend place. Deux autres serveurs lui amènent un canard rôti des plus appétissants avant de s’éloigner. Le chef commence alors à le découper devant nous : il enlève la peau, puis le coupe en une vingtaine tranches extrêmement fines. Nous le quittons des yeux quand deux serveuses nous amènent les accompagnements du canard : des crêpes incroyablement fines, deux sauces, puis un assortiment de différents « filets » de différentes couleurs. On reconnait du melon, de l’ananas, du concombre, du céleri, du chou, ainsi que quelques autres indéfinissables. Nos interrogations sont interrompues par le chef qui amène les tranches de canard qu’il a réassorties et recouvertes de la peau. Le spectacle à lui tout seul mérite que l’on vienne dans le restaurant. Pas besoin de mots, je vous mets l’image finale :

 

Avec humilité, nous prenons chacun une crêpe, que nous badigeonnons de sauce, nous y ajoutant un filet de chaque légume, avant d’y apposer une tranche de canard. Nous roulons sommairement la crêpe, avant de l’engloutir…

Je ne peux rien vous dire, ce serait gâcher le goût qui a alors envahi notre bouche. Je ne peux vous affirmer qu’une chose, que c’était merveilleux. Pour plus de détails, venez à Beijing, je vous y inviterai, et vous pourrez le découvrir vous-mêmes.

Finalement, le repas s’achève ; vient alors le moment crucial : l’addition. Nous nous en sommes sortis à trois pour cent yuans chacun, ce qui pour un repas en Chine est hors de prix, mais qui coute … douze euros. Nous nous acheminons ensuite paisiblement vers le bar qu’avait repéré Marie-Astrid, situé à l’écart de toute l’agitation de la rue, au beau milieu d’un hutong. Les trois anglais (John, Joanna et Erik) y sont déjà, accompagnés de deux jumeaux qui ne sont pas à la CFAU mais qui viennent, comme leurs amis, de l’Université du Kent. Nous commandons des bières, qui pour le coup, sont extrêmement chères (trois bières reviennent plus que le canard laqué), et nous nous installons à leurs côtés. Joanna et Erik, ainsi que les jumeaux ont un accent bien moins prononcé que John, ce qui, avec la bière, facilite grandement la discussion et la compréhension. Nous échangeons pendant une heure environ, puis John et Joanna raccompagnent les jumeaux. Erik nous fait comprendre qu’eux aussi rentrent à la CFAU. Un peu dépités (il est à peine plus de vingt-trois heures), nous sommes étonnés. Erik nous fait comprendre que John et Joanna se font vieux (ils ont tous les deux plus de vingt-cinq ans) et que l’effet de l’alcool à répétition se fait sentir avec plus d’acuité. Avec un demi-sourire, nous nous rappelons que trois jours plus tôt, ils sont revenus dans un triste état d’un « beer-pong » qui s’est en fait joué au baijiu (alcool fort chinois). Mais Erik est d’un naturel très joyeux et causant, et nous sommes bientôt rejoints par Dima (Dimitri), un élève de la CFAU qui vient du Belarus. Les bières s’accumulent et nous refaisons tous le monde en anglais : c’est excellent car le niveau de la conversation varie énormément entre sujet extrêmement trivial (voire parfois un peu trop) et discussions philosophico-politiques très poussées. Après avoir usité les « toilettes » du bar plusieurs fois (un trou un peu en retrait dans la rue), il est bientôt trois heures et nous songeons au retour. Nous avisons un taxi, qui nous ramène à la CFAU : nous sommes trois dans la voiture, et ça nous revient à un euro chacun.

Finalement, nous rentrons dans notre bâtiment, où un chinois dort derrière son comptoir. Sans faire de bruit pour ne pas le réveiller, nous regagnons chacun notre chambre. Etonnamment, Michael ne dort même pas, mais je suis trop gris et fatigué pour le maudire dans ma tête. A peine posé sur mon lit, je m’endors immédiatement après cette belle soirée. 

Site du restaurant : http://en.huajiacai.com/

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