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Un français à Beijing
7 septembre 2012

7 septembre, Jour 7 :

7 Septembre, Jour 7 : 
Il est sept heures, Beijing s'éveille. Et moi aussi. Après une douche, je suis à l'entrée de la CFAU, à jeun, mais prêt pour une nouvelle journée riche en aventures. A mes côtés, l'ensemble des étudiants étrangers à la CFAU émerge doucement de sa courte nuit. Sans traîner, on grimpe dans un autocar de l'université, juste assez grand pour tous nous contenir. On recueille un retardataire quelques minutes plus tard, et c'est parti. Le car nous emmène vers un hôpital pour faire notre visite médicale, nécessaire pour compléter notre visa. Curieux au début, tout le monde ouvre grand les yeux et observe la ville. Cinq minutes passent. Puis dix. Au bout d'une demie heure, la moitié du véhicule somnole. Ce n'est qu'une petite heure après notre départ que nous arrivons finalement. Je n'ose imaginer le temps qu'il me faudrait pour une intervention en cas d'urgence allergique... N'y pensons plus. 
L'hôpital est grand, carré, gris ; très moche et peu avenant. Notre groupe entre, se rue sur les formulaires à remplir et les complète tant bien que mal. Deuxième étape : faire enregistrer ce formulaire à l'accueil et payer la somme correspondante. Une fois cette formalité accomplie commencent les festivités : lorsque je jette un coup d'oeil au papier que m'a remis l'hôtesse, je déchante. Électrocardiogramme, prise de sang, radio, examen oculaire, et un mysterieux "surgery exam" qui m'inquiète un peu. Vue toute la flopée qui nous attend tous (nous sommes une centaine dans le hall, dont une trentaine de la CFAU), je me dis qu'on va en avoir pour la journée. 
Je ne traîne donc pas et m'achemine vers la salle de l'examen oculaire où la file est la plus réduite. Arrive mon tour et concrètement, ça se passe exactement comme ça : 1) sans même lever la tête l'infirmière me tend son bras pour que je lui remette le formulaire. 2) elle me montre une image et me demande de donner les lettres qui apparaissent (test pour vérifier si je suis daltonien), je lui énonce les deux lettres que je vois. 3) elle me dit de me lever, de me cacher un oeil et de me nommer la minuscule lettre à qu'elle m'indique quelques mètres plus loin. Même chose pour le deuxième oeil. 4) Elle griffonne une signature sur mon papier et passe au suivant. Temps écoulé : moins d'une minute trente. Je passe au deuxième examen et entre dans la salle des radios ; même chose : on m'indique comment me placer devant l'appareil à rayons X, on gribouille une signature sur mon formulaire et suivant. Temps total : une minute. Quelques instants plus tard, l'ECG est dans la poche. Repoussant le plus tard possible le "surgery exam", je prends la direction de la pièce prise de sang. La file que j'y aperçois me décourage, donc je me résous finalement à entrer dans la salle fatidique. Un chinois avec un masque me marmonne quelque chose : j'enlève mes chaussures et monte sur la balance. Bip. Signature. Et suivant. Sans demander mon reste, je quitte la pièce en m'interrogeant sur leur définition de "surgery"... plutôt soft. Il ne me reste que la prise de sang, alors je retourne à la salle que j'ai croisée quelques minutes plus tôt. Pas de bol la file a encore augmenté. Elle avance très rapidement, je commence à comprendre pourquoi. Pas le temps d'approfondir qu'une infirmière empoigne mon bras, le garrotte, et lui plante une aiguille en pleine veine. Trente secondes plus tard, elle me me met un petit sparadrap, signe ma feuille, et me dit de presser le bandage pendant cinq minutes pour ne pas que le sang ne s'écoule. Ma main droite s'occupe de ma veine, tandis qu'elle me tend le formulaire dans la gauche. Pas de pot, j'avais mon gilet sur la chaise derrière moi, mais toutes mes mains sont prises, donc je me démène comme un beau diable pour laisser rapidement la place au suivant. 
Résultat : nous sommes arrivés vers huit heures trente, et il n'est même pas encore neuf heures. Impressionnant... voire un peu inquiétant. Je jette un coup d'oeil dans le hall et remarque qu'il y a au moins trois fois plus de monde que quand on est arrivés. Je commence à comprendre pourquoi ils nous ont fait partir si tôt. J'observe autour de moi et réalise qu'on a tous finis la totalité de nos examens. Dernière étape payer un supplément pour que l'hôpital envoie nos résultats à la CFAU. Problème : tout le monde a fini ses examens à peu près en même temps et il n'y a qu'une personne pour s'occuper de tout le monde. J'arrive, et me mets au bout de la file qui avance pour le coup très lentement celle-là. Quand j'arrive vers le bureau, de nombreux chinois ont fini leurs examens. Ils cherchent donc à payer le supplément. En quelques secondes, la file qui était verticale passe à l'horizontale au niveau du bureau : tous cherchent à passer en premier et régler leur ultime formalité. Conclusion : alors que j'avais presque atteint le bureau, ça m'a pris vingt minutes pour obtenir le formulaire à remplir. Après m'être fait doubler une bonne demie douzaine de fois (je ne mens pas !), j'ai du adopter leur méthode pour déposer le formulaire rempli et l'argent : le lancer carrément dans les mains du responsable.
Émergeant enfin de la mêlée, je me fraye un chemin hors de l'hôpital qui est désormais bondé et regagne le car à l'extérieur. On attend encore pendant une heure une fille qui s'était perdue ou je ne sais quoi. Du coup, la moitié du bus dort en gargouillant, car toujours à jeun. Finalement on met les voiles, mais la longueur du périple achève d'endormir les plus résistants. Lorsqu'on arrive, il est onze heures passées, et c'est la ruée vers la cantine (can tin). Des boulettes de viande parfumées et des pousses de soja, c'est pas extra, mais ça reste très bon. Comme il est midi et que la cérémonie officielle d'introduction des étudiants étrangers n'est prévue que pour quatorze heures, je profite de l'occasion pour aller porter le portable que j'ai acheter hier. Je ne vous ai pas raconté, mais dans la soirée, j'ai eu du mal à le recharger ; le chargeur ne rentrait pas dans le téléphone. Donc j'ai forcé. Un peu, puis beaucoup... jusqu'à entendre un bruit très déplaisant. Je le tends au vendeur, qui l'examine, puis m'en donne un nouveau, avec un sourire, sans demander le moindre yuan. J'ai du mal avec les chinois ; mon grand problème, c'est que je n'arrive jamais à savoir s'ils veulent t'arnaquer à chaque fois ou au contraire essayer de t'aider. Dépend des gens j'imagine. C'est vrai que c'est toujours un peu stupide de dire "les chinois", "les américains" ou "les français...
Comme il nous reste encore du temps à tuer, Marie-Astrid me propose d'aller essayer de boire un thé. Essayer, car si on a croisé plusieurs magasins vendant du thé, aucun en revanche ne proposait de le déguster. On tente quand même notre chance en remontant une artère, mais on n'aperçoit rien qui ressemble à un salon de thé.
On prend donc le parti d'aller carrément dans un restau et de demander du thé, et entrons dans le premier boui-boui qu'on croise. Immédiatement double décharge : le bruit et l'odeur comme dirait l'autre. A peine la porte ouverte, on est accueillis par des hurlements de partout. La pièce est petite, mais les gens crient de toutes parts. Une serveuse arrive et nous aboie dessus en pointant du doigt une table vide. Le seuil franchi, une odeur puissante nous assaille. Très aigre d'abord, puis plus forte encore. On remarque plusieurs gousses d'ail sur chaque table. A croire qu'ils ont peur des vampires, mais en tout cas, ça empeste. Perdus au milieu des chinois, on s'assied en hésitant un peu. Un coup d'oeil à la carte avant de se rendre compte que ça ne sert à rien : caractères uniquement (parmi lesquels je décèle deux fois arachide...). On demande du thé, mais, mauvaise pioche, car elle nous ramène deux bouteilles de simili Ice Tea pêche. On essaie de lui faire comprendre qu'on veut du thé chaud, mais encore une fois, c'est raté : tout ce qu'on a, c'est deux bols d'eau bouillante et pleine de fécule de riz. On finit par capituler et on commande une bière. 
Quelques verres plus tard (les verres sont petits), il est temps de rentrer. Nous prenons place dans la prestigieuse salle des grandes réceptions officielles de la Chinese Foreign Affairs University. Drapeau chinois imposant, tables d'un bois brillant et sans défauts, chaises molletonnées, calligraphies sur les murs ... même les bouteilles d'eau sont sur chaque table. On se croirait presque à une réunion du PolitBuro du PCC. Immédiatement l'équipe en charge des International Exchange Students comme on nous appelle se présente à la tribune. Bizarrement, ce sont toutes des femmes (et on prétend donner des leçons à la Chine en matière de démocratie...). La première commence par nous faire une présentation des locaux, en nous vantant la qualité des dortoirs : elle mentionne les armoires dans les chambres, ainsi que la climatisation et la télé. On comprend pas trop pourquoi, mais la réunion commence par une campagne de promotion des dortoirs... Soit. Elle laisse la parole à sa collègue qui, elle, commence son discours en nous dictant une par une les quinze règles à respecter pour les étudiants internationaux. Ca va de ne pas fumer dans les dortoirs jusqu'au rappel que les chambres ne sont pas des chambres mixtes, sans oublier la procédure à suivre en cas de crime dans une chambre... Soit. Un peu déconcertés par cette entrée en matière des plus étranges, nous ne baissons pas notre attention pour autant. On nous distribue ensuite un ensemble de feuilles agraphées, sorte de kit de survie des premiers jours à la CFAU. Un peu tard, mais, après l'avoir feuilleté, j'en déduis qu'on peut encore en tirer quelques choses intéressantes. 
Se termine alors la première partie de la réunion, la seconde consistant à nous répartir dans différents groupes en fonction des résultats obtenus au test de mercredi. Les groupes sont au nombre de quatre, des moins bons (A) jusqu'aux meilleurs (D). Forcément le décompte se fait dans l'ordre décroissant : sont d'abord appelés les gens du groupe D. Je vois deux gaillards aux yeux bridés se lever, et ne peux m'empêcher de penser "Ah, bah c'est normal, ils sont chinois" avant de me rappeler que ce sont des étudiants internationaux comme moi. Vient le tour du groupe C : de nouvelles têtes nous quittent, dont le gars de Strasbourg, qui ne peut s'empêcher d'affirmer un petit sourire supérieur. Tssss. Alors qu'on passe au groupe B, je me rappelle ma magnifique performance au test de mercredi et prie pour qu'on en finisse rapidement. La dame qui fait l'appel répète un nom, mais personne ne se lève. Elle réitère une troisième fois : An Dong Ni. Un petit éclair d'espoir jaillit (serait-ce ... ?), mais repart aussi vite qu'il est sorti. Ne voyant toujours aucune réaction dans l'auditoire, la dame commence à épeler le nom D.U.Q.U.E.N... mais oui, c'est bien ça. Bon, désormais, aux yeux des chinois, je ne suis pas Antoine, mais Anthony (An Dong Ni), c'est bon à savoir. Ce qui est encore meilleur à savoir, c'est que je suis dans le groupe B. J'en déduis que le groupe A est réservé à ceux qui n'ont jamais fait de chinois, et qui ne connaissent ni les tons ni le pinyin. 
Notre petit groupe B (qui inclut aussi Marie-Astrid, John, et quelques autres) s'achemine alors vers une espèce de réserve où l'on nous donne nos bouquins. Je ne sais pas pourquoi il y a un problème avec moi : apparemment, je ne suis pas inscrit comme prenant tous les cours de chinois, mais d'autres cours. A priori, pourquoi pas. Je jette un coup d'oeil aux autres cours et n'en sélectionne qu'un seul, de relations internationales : General Situation of China, deux heures par semaine. Les dix-huit autres sont toutes des heures d'apprentissage du chinois. En gros, j'ai cours tous les matins, du lundi au vendredi, de huit heures à midi, ce qui me laisse un large week-end et toutes mes après-midis. Plutôt sympa. 
Bon, je vous passe la fin de la journée, plutôt inintéressante, mais bien plus agréable pour moi. Même chose pour ce week end, je compte me reposer un peu, mais si je sors, vous aurez les détails :D
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Commentaires
A
Les résultats arrivent normalement à la CFAU pour mercredi. Ils sont une des pièces à fournir pour changer de visa. <br /> <br /> Et oui, je m'en occupe sérieusement ;)
B
C'est quand même bcp plus clair et plus complet que skype !!<br /> <br /> Auras-tu les résultats de ces examens ?<br /> <br /> Ont-ils un lien avec le fameux visa études ?
Un français à Beijing
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