11 septembre, jour 11 :
11 septembre, jour 11 :
Ca faisait longtemps que je n'avais pas entendu mon réveil sonner, et j'avoue nos retrouvailles ne furent pas pour m'enchanter. Sept heures, je sors de mon lit, brrrrr !, la clim fonctionne à tout-va et la chambre est glacée. Vite je plonge sous une douche brulante pour me réchauffer et me réveiller. J'y suis tellement bien que j'y resterais une heure ou deux avec plaisir, mais je n'ai malheureusement pas le choix. Je sors dans le couloir pour aller chercher un thermo d'eau bouillante (potable), histoire de me faire mon "chocolat", mais manque de bol, il n'y en a plus. Super, déjà que le choco est dégueu, je vais en plus le boire dans une eau à peine tiède. Heureusement, j'ai acheté du bon pain hier, que j'ouvre avec bonheur, mais, comme je suis une lumière, j'ai oublié de prendre du nutella ou de la confiture pour mettre dessus... Tant pis, je croque dedans avec appétit et, même si c'est un peu sec, ça fait plaisir de retrouver un gout connu.
Sans plus m'attarder, je me rends devant ma salle de classe, où attendent déjà quelques élèves. Je repère trois groupes : des Africains qui parlent entre eux, des Asiatiques qui parlent entre eux et des Anglo-saxons qui parlent entre eux. Je n'ai pas le temps de plus réagir qu'arrivent Marie-Astrid et une fille de Sciences Po Strasbourg (Marie) qui me rejoignent pour former un quatrième groupe (bravo le communautarisme). La sonnerie retentit (elle fait un bruit horrible) et tout le monde entre dans la classe. Je laisse les deux filles se mettre ensemble et m'assied à côté de John, le british. Pas le temps de parler car la prof arrive (c'est pas possible, il n'y a que des femmes dans cette université).
Elle commence très soft, en expliquant en anglais, tout ce qu'elle vient de dire en chinois. Elle se présente, puis nous invite à faire de même. Elle sonde la classe d'un regard interrogateur : qui veut bien se présenter ? Finalement, un garçon se lève, se rend au tableau et commence à nous raconter sa vie. Il s'appelle Ahmed, a 25 ans, vient d'Afghanistan, étudie dans le groupe C et fait du chinois depuis... La prof l'interrompt immédiatement, et lui apprend qu'ici c'est le groupe B. Pas de chance bonhomme, t'as voulu faire le malin, mais tu t'es affiché devant tout le monde le premier jour. Avec un demi-sourire, il sort de la salle pour rejoindre celle de son groupe. Du coup, tout le monde rit un peu et ça détend l'ambiance de classe. Une fois qu'il est sorti, la question se répète : qui veut bien se présenter ? Au bout de quelques secondes, Marie-Astrid se dévoue et s'exécute au tableau. La prof nous incite ensuite à lui poser des questions, ce que nous faisons. Elle regagne sa place sous les applaudissements des autres, puis Marie, (celle de Strasbourg) vient prendre sa place au tableau et se présente à son tour. Encore une fois, l'auditoire lui pose des questions. Quelques uns passent encore avant que je ne me dévoue : la présentation est relativement simple, car peu élaborée, et je parviens tant bien que mal à répondre aux questions. Victorieux, je retrouve ma place à côté de John, alors que tout le monde m'applaudit (ça fait un peu alcooliques anonymes, mais bon...). Quelques minutes plus tard, tous les élèves se sont présentés, soit volontairement, soit à la demande de la prof. Bilan : un kazakh (ya skajou !), une indienne, un égyptien, un anglais (John), un coréen, une mongole, un allemand, et cinq français (sisi !). La moyenne d'âge est assez élevée, je dirais environ 25/30 ans, ce qui est assez déconcertant. Les élèves sont un peu sur le qui-vive, mais la prof est cool et fait tout pour nous détendre, ce qui met une bonne ambiance dans la classe. Le cours quant à lui est assez compliqué, mais la prof est patiente et détaille bien tout ce qu'elle fait en prenant soin de ne perdre personne en route. Globalement, ils sont meilleurs en chinois que je ne le suis, mais je ne m'avoue pas (encore) vaincu. Avant la fin du cours, elle nous donne des devoirs -pour demain !- ce qui me fait tout drôle et qui change des exposés ou des DM à rendre.
Finalement, la cloche retentit, sonnant la fin du cours et le début de la pause (un bon quart d'heure). Les deux filles parlent entre elles, alors je me tourne vers John qui, pour une fois se trouve au milieu d'un groupe de français. On commence à parler en anglais, et je ne sais pas si c'est sa voix super grave ou son accent british très prononcé, mais j'ai du mal à saisir tout ce qu'il raconte. Je comprends néanmoins que lui et ses amis anglosaxons (c'est-à-dire le groupe que j'ai croisé à la cantine il y a quelques jours) envisagent de quitter les dortoirs du campus et commencent à chercher des apparts dehors. Quand je lui demande pourquoi, il me répond que c'est à cause de son colocataire. Je n'ai pas le temps d'en demander plus car la sonnerie retentit, marquant le début du deuxième cours.
John commence alors à sortir un paquet de gâteaux (européens), et m'en propose. C'est un bon lui ! Une nouvelle dame arrive et nous annonce qu'elle sera notre professeur d'oral : dans son cours, on apprendra à comprendre le chinois parlé, et à le parler nous-mêmes (enfin, c'est ce qu'elle dit). Sans tarder, elle commence à nous faire écouter un morceau audio sur son ordi, et nous pose des questions dessus. Tout va tellement vite que je n'ai compris ni l'extrait, ni les questions. Aïe, c'était trop beau... Les autres ont l'air un peu largués aussi, mais certaines mains se lèvent néanmoins pour répondre. Patiente, elle nous fait réécouter le texte et nous pose d'autres questions. Cette fois je comprends les questions et commencent à discerner vaguement ce qui se dit dans le texte, mais tout est extrêmement flou. Je ne pense pas que ce soit si compliqué que ça en soi, mais tout va trop vite pour que mon cerveau lent suive. Assez gêné, je lève la main pour lui dire, mais une âme charitable me devance. Gentiment, elle nous fait réécouter le texte, phrase par phrase et nous demande de répéter ce qu'on vient d'entendre. Ca va encore vite (en plus, les chinois prononcent un mot sur deux), mais ça commence à s'éclaircir. Elle nous détaille quelques points de grammaire avant que ne retentissent la cloche. Il est onze heures quarante et ma journée est finie.
On se dirige alors vers la cantine... de même que tous les élèves de la fac, ce qui fait qu'il y a un monde incroyable. On avait prévu de se poser à trois, avec les deux filles, mais après avoir cherché un quart d'heure, on finit par se résigner et prendre chacun un siège restant sur différentes tables déjà occupées. J'ai encore droit à des jiaozi, (je commence à en avoir un peu marre), que j'accompagne d'une boule de riz compacte, grasse et gluante. Assez lourd comme repas, mais qui a le mérite d'apporter des forces. Finalement, je rentre dans ma chambre où je vois Michael encore couché (décidément). Il n'a cours qu'à quinze heures et se prépare très lentement. De mon côté, je retourne à l'accueil pour payer Internet et remonte rapidement parler à mon père sur Skype. Une fois Mike parti, je m'autorise une petite sieste avant de me mettre (très doucement) au boulot. Au bout d'une heure ou deux, je descends à la cafétaria et avise un plat sur le comptoir qui m'a l'air appétissant. Je le commande donc à la dame de la cantine (qui est excellente). Quelques minutes plus tard, on me signale que mon plat et prêt, et, quand je viens le chercher, je remarque que ce que j'avais pris pour de la viande, est en fait de l'aubergine en filets. Ils sont accompagnés de haricots verts au goût prononcé et de riz (forcément). Aucune saveur spécifique (du genre plat super épicé) et, même si le plat est assez gras, l'ensemble se marie bien.
Je remonte rapidement et me met plus sérieusement à mon boulot pour demain, les nouveaux caractères abondent, donc je ferais bien de m'y mettre tout de suite. Bonne nuit.
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