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Un français à Beijing
12 septembre 2012

12 septembre, jour 12 :

12 septembre, jour 12 :

 

Nouveau réveil, toujours aussi douloureux. On dirait que la routine s'installe : réveil, douche, petit déj. Où vont tous ces enfants dont pas un seul ne rie ? En cours de chinois, avec l'humeur massacrante de l'après-réveil.

J'arrive juste avant huit heures, et m'assied aux côtés de John, qui a l'air tout aussi endormi que moi. Je remarque que Marie-Astrid n'est pas là, avant de recevoir un sms : on dirait bien qu'elle est malade. Déjà ce week-end, elle n'a pas assez fait bouillir l'eau du robinet, du coup elle a passé deux jours à vomir, et là, on dirait que la nourriture chinoise ne lui a pas réussi, car semble avoir des problèmes de digestion. Intérieurement, je me marre ; pour une fois que ce n'est pas moi qui ait des problèmes avec la nourriture, ça fait plaisir.

Bref, je finis par me concentrer sur le cours. En début de matinée, c'est un cours d'expression orale. Les caractères ne sont pas le pilier de cette matière, donc c'est déjà un peu plus facile pour moi, qui suis plus à l'aise à l'oral (pour parler tout du moins). Le cours se passe plutôt bien : on échange beaucoup, les élèves et la prof. La classe a l'air motivée et semble encline à participer, donc le courant passe bien. Je me rends compte que la plupart des élèves ont un niveau supérieur au mien et ont bien plus de vocabulaire, mais je m'accroche et ne lâche pas l'affaire pour autant.

Finalement, la cloche sonne la fin du cours. Assez soulagé de souffler un peu, je me repose le temps de la pause. Quelques minutes plus tard, notre professeure arrive, c'est reparti. On commence direct avec une dictée des mots qu'on était censés apprendre pour aujourd'hui. Elle ramasse nos copies ainsi que nos cahiers d'exercices où on a fait nos devoirs pour aujourd'hui, c'est assez comique ; on se croirait retombé en primaire. Le cours commence et, une fois de plus, je reçois énormément d'informations dans un laps de temps très court.

J'y ai réfléchi, et les cours que j'ai actuellement me rappellent mes cours de maths de prépa. D'abord, comme je viens de le dire, tout va extrêmement vite. Ensuite, les caractères sont autant de symboles inconnus qui, assemblés dans un certain ordre ont du sens et forment une équation : la phrase. En effet, chaque caractère possède un sens et des propriétés intrinsèques, qui lui permettent d'intéragir de façon bien particulière avec d'autres caractères de la phrase. Si on ajoute à ça que la plupart des signes vus en prépa (sigma, logarithme, epsilon, intégrales, primitives, exponentielle) m'étaient aussi peu connus que les caractères que je découvre, je peux maintenant affirmer que, oui, les cours de maths de prépa étaient pour moi du chinois. Je vais arrêter de filer trop loin la métaphore, car, étant donnés mes résultats mathématiques de prépa, j'espère une plus grande réussite quant à l'apprentissage de la langue chinoise.

La sonnerie finit par retentir et tout le monde se rue dehors. N'ayant pas envie de retenter l'expérience de la cantine à l'heure de pointe, je me dirige vers mon batiment, m'y repose quelques temps et redescends ensuite manger. La serveuse me propose des nouilles aux légumes. J'accepte et, avisant une cuisse de poulet, lui fais signe de l'ajouter à mon assiette. Les nouilles sont très bonnes, mais quand j'en viens à la volaille... problème. Vous savez comment manger une cuisse de poulet avec des baguettes vous ? Me remémorant des souvenirs guadeloupéens pas si lointains, j'empoigne la bête à pleines mains et la mange sans demander mon reste. Tant mieux, car il ne reste rien. Je ne sais pas si c'est bon signe, mais je mange de plus en plus. Bon, tant que ce n'est pas de l'arachide, je dévore avec joie.

Une après-midi des plus studieuses entre Skype et mes devoirs. Je profite du savoir illimité de ma soeur en matière de chinois car certains exercices me posent problème. Lentement mais surement, à mon rythme, je finis mes exos tout en parlant à mon père et ma soeur sur Skype, tant et si bien, qu'il est bientôt l'heure de manger. Je fais encore une fois appel au puit de science qui me sert de soeur pour lui demander des conseils en matière culinaire : quels sont les plats qui feront la joie de mes papilles ? Mon Encyclopédie fraternelle me conseille de la viande grillée avec du riz sauté. Elle m'informe également que le boeuf aux poivrons verts est un rare délice. Ma liste dans la tête, je me rends donc vers la cantine pour expérimenter ses recommandations. J'arrive et vois passer un plat qui attire autant mes yeux que mes narines et mes papilles ; hop hop hop, je stoppe immédiatement le chinois qui se tient au bout de l'assiette, et lui demande comment on le prononce dans la langue des jaunes. Aussitôt répondu, aussitôt commandé, le riz sauté attendra.

Je patiente debout en attendant mon plat et en observant les chinois. C'est excellent parce qu'à chaque fois qu'il y a un plat qui sort de la cuisine, ils viennent tous au comptoir pour voir si c'est le leur, on dirait des mulets affamés à qui on jette un bout de pain dans l'eau sale d'un port. Bien que plus maniéré, je ne suis pas si différent, car bien content de contempler le spectacle prometteur qu'offre mon plat. Un tapis de riz parfumé capitonne la base de l'assiette. S'étalent dessus, alanguis, de longs filets de poivrons d'un vert électrique, auxquels se mêlent des morceaux d'agneau grillés, saupoudrés d'herbes et de graines aromatiques qui laissent s'échapper langoureusement un fumet de bonne augure. Sans plus attendre, j'empoigne mes baguettes et enfourne rapidement une bouchée. Nouvelle surprise pour mon palais qui réagit immédiatement : un parfum très prononcé se répend dans ma bouche. Un quart de seconde plus tard, mon cerveau associe au gout un mot : coriandre. En effet, la sauce, la viande, les les légumes ou le riz tous sont enrobés de cette saveur si forte et énigmatique. N'y tenant plus, j'engloutis, bouchée après bouchée la totalité de mon plat : rarement je ne me suis autant régalé. Après avoir un peu galéré sur la fin (pas facile de ramasser les derniers grains de riz dans une assiette avec des baguettes), je quitte la cafétaria, repu par ce repas de roi, et remonte dans ma chambre finir mes devoirs pour le lendemain.

 

 

 


J'imagine que mes jours de cours (du lundi au vendredi) se ressembleront beaucoup. En effet, après avoir été en classe le matin, je serais susceptible de faire mes devoirs l'après-midi, ne laissant que peu de temps aux activités extra-scolaires et autres découvertes, que je m'octroirai pour le week end. Mes récits de semaine, à défaut d'être plus monotones, seront donc probablement plus courts.

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Commentaires
M
t'as quand même pas mangé comme Florence en Guadeloupe devant les Chinois mon fils ?!!!
F
bon, d'abord pour le primaire!! reviens dans ma classe si ça te manque!!! et les plats à la coriandre et le reste, c'était pas bon chez moi??bisouxxxxx flo
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