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Un français à Beijing
17 septembre 2012

La Chine indignée par la nationalisation des îles Senkaku par le Japon.

La Chine indignée par la nationalisation des îles Senkaku par le Japon.

La décision annoncée lundi 10 septembre par le gouvernement japonais de "nationaliser" les îles Senkaku (Diaoyu en Chine) a provoqué de vives réactions en Chine. Le Japon veut racheter à la famille japonaise qui en était la propriétaire trois des îlots de ce mini-archipel de mer de Chine orientale contrôlé par Tokyo mais revendiqué par Pékin.

La Chine a convoqué et morigéné lundi l'ambassadeur nippon, Uichiro Niwa, et dépêché sur place deux navires de l'agence de Surveillance maritime, l'une des forces paramilitaires régulièrement envoyée en première ligne sur les multiples points chauds qui sont l'objet de contentieux territoriaux entre la Chine et ses voisins asiatiques du Pacifique occidental. "Deux navires de l'agence de Surveillance maritime ont atteint les eaux autour des îles Diaoyu mardi matin afin de défendre la souveraineté du pays", a annoncé dans un communiqué mardi l'agence Chine nouvelle.

Les gardes-côtes japonais ont pour leur part envoyé des patrouilleurs sur zone. Le 11 septembre, ils ont constaté que les bateaux chinois restaient à la limite des zones économiques exclusives des deux pays, sans s'approcher davantage des Senkaku. Au même moment, une réunion du cabinet japonais confirmait la décision prise la veille par le premier ministre Yoshihiko Noda de faire acheter les trois îles pour 2,05 milliards de yens.

LA CHINE NE FERA "ABSOLUMENT AUCUNE CONCESSION"

Le paradoxe, pour Tokyo, est que la décision du gouvernement japonais de nationaliser les Senkaku a été prise pour éviter le pire : à savoir le rattachement des Senkaku à la municipalité de Tokyo, dont le gouverneur ultra-nationaliste, Shintaro Ishihara, a lancé l'idée en avril dernier.

Ce projet, décrit comme une provocation par les Chinois, a conduit à cinq expéditions de militants chinois et japonais sur les îlots ces derniers mois et a nourri une escalade verbale entre les deux pays (ainsi qu'avec Taiwan qui fait cause commune – ou presque – avec la Chine communiste sur le sujet). Le gouvernement de Yoshihiko Noda a toutefois largement emboîté le pas au maire de Tokyo dans la rhétorique nationaliste.

Lundi 10 septembre, le premier ministre chinois Wen Jiabao avait déclaré lors de l'inauguration d'une statue de Zhou Enlai et de Chen Yi à l'université des Affaires Etrangères de Chine [sisi !], que les Diaoyu "formaient une partie inaliénable du territoire chinois" et que la Chine "ne ferait absolument aucune concession sur les questions de souveraineté et d'intégrité territoriale".

Les démonstrations de force de Pékin sont d'abord à usage intérieur, estime Jean-Pierre Cabestan, directeur du département de science politique et d'études internationales à l'université baptiste de Hongkong. "Il s'agit dans un premier temps de gérer et de calmer l'opinion publique que les autorités ont échauffée et instrumentalisée dans une certaine mesure. Dans un deuxième temps, [les Chinois veulent] intensifier la pression sur le Japon afin de l'amener à terme, sous pression américaine et autre, à reconnaître qu'il y a un problème, un différend, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui", estime le chercheur.

LES RELATIONS "VONT INÉVITABLEMENT SE DÉTÉRIORER"

Le Parti Communiste chinois doit en effet éviter d'apparaître faible aux yeux d'une opinion publique nourrie au petit lait des "humiliations" japonaises et occidentales – tout en gardant sous contrôle les irruptions nationalistes des masses chinoises. Aux yeux des Chinois,  les Japonais ont procédé à un "acte d'achat illégal ", comme le martèle la presse locale, puisque les Diaoyu, selon Pékin, n'appartiennent pas au Japon mais à la Chine.

"Les relations sino-japonaises vont inévitablement se détériorer", lit-on dans l'éditorial daté du 11 septembre du quotidien nationaliste chinois Huanqiu Shibao (Global Times). Notant que le Japon exerce un contrôle de facto sur les îles, celui-ci suggère que la Chine "se fixe un objectif à long terme, qui est de changer la situation actuelle en terme de contrôle des îles". Mais il conseille aussi aux Chinois d'être patients, indiquant que ce n'était peut-être pas le meilleur moment pour Pékin de résoudre les différends territoriaux avec ses voisins : "La Chine est dans un processus qui voit s'accroître ses forces nationales, tout en étant surveillée de près par les pays occidentaux."

Les îlots ont été acquis par le Japon en 1895, selon le principe de terra nullius (terre sans maître), mais en vertu d'une décision qui restera secrète durant un demi-siècle. La Chine avance aujourd'hui que ses marins et ses pêcheurs ont conduit des activités sur les Diaoyu "depuis des temps ancestraux" et qu'elle n'était pas en mesure de faire valoir ses droits face au Japon – ni à l'époque (1895 est l'année où l'empire des Qing, vaincu, cède au Japon une partie de la Mandchourie, Formose et les îles Pescadores), ni après la restitution par les Américains au Japon d'Okinawa et des territoires associés (dont les Senkaku) en 1972.

From : http://www.lemonde.fr/japon/article/2012/09/12/pekin-indigne-par-la-nationalisation-des-iles-senkaku-par-tokyo_1759156_1492975.html

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