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Un français à Beijing
18 septembre 2012

18 septembre, jour 18 :

18 septembre, jour 18 :

 

Je reviens de chez Khaled, le diplomate égyptien. Enfin, il n'habite que quelques étages au dessus de ma chambre, mais, néanmoins, j'ai passé plus de neuf heures d’affilée avec lui, pour une conversation des plus intéressantes.

J'avais déjà mangé avec lui une fois ou deux à la cantine musulmane et, ce midi, après nos cours, nous avons réitéré avec Sara et Marie-Astrid. Nous sommes ensuite tous montés dans sa chambre au sixième étage du batiment des étudiants étrangers. Sa chambre est semblable à celle de Mike et moi, mais le principal avantage... c'est qu'il y vit tout seul. Un autre aspect non négligeable, est qu'il est sacrément équipé : armoires pleines à craquer de médicaments, ustensiles de cuisine, nourriture, vaisselle, un distributeur d'eau potable, un frigo et... une chicha.

Nous nous sommes donc posés tous les quatre sur ses chaises ou ses lits (ah oui, forcément, il en a deux pour lui tout seul), et avons commencé à parler en respirant le narguilé. Expérience intéressante mais, alors que nous discutions allègrement, Sara ne se sentait apparemment pas bien, et a pris congé de nous, nous laissant tous les trois.

La conversation a alors dévié sur la diplomatie, et le métier de diplomate en général. Si jamais j'ai un jour voulu exercer cette profession, me voilà bien calmé... Khaled m'a dépeint, le plus objectivement possible le milieu : un métier extraordinaire, tout d'abord extrêmement intéressant, un métier où l'on bouge tout le temps, où l'on découvre le monde, un métier qui apporte un prestige et une situation financière des plus confortables. Mais un métier incroyablement pervers : un métier rempli d'abrutis auxquels on doit absolument obéir (comme dans beaucoup d'autres me direz vous), un métier où l'on doit être disponible vingt-quatre heures sur vingt-quatre, où l'on trimbale sa famille partout, où l'on ne peut rien lui dire sur ce qu'on vit, ou ce que l'on a fait dans la journée (secret défense oblige), un métier où l'on ne peut croire que très peu de gens (il m'a parlé des agents des services d'intelligence qui étaient complètement paranoïaques), bref un métier où l'on fait passer son pays avant sa vie personnelle.

Non seulement ai-je appris toutes ces informations extrêmement intéressantes, mais j'ai aussi et surtout découvert Khaled : quelqu'un d'extrêmement fin et subtil, bien plus complexe que ce qu'il ne laissait paraître en classe. C'est étrange parce que j'ai l'impression qu'on a le même âge, puisqu'il ne paraît pas vieux, et est un peu moins bon que moi en chinois (!), mais en fait, il a sept ans de plus que moi, et a vécu des expériences (personnelles et professionnelles) incroyables qui le rendent des plus intéressants à écouter parler.

Et pour parler, il parle. On est arrivé dans sa chambre vers treize heures, et à dix-neuf heures on y était encore : la carrière de diplomate, le contre-terrorisme, la situation égyptienne, la société égyptienne, le rôle de l'islam, le droit des femmes, la peine de mort... Finalement, comme on était bien partis, on a appelé Burger King pour commander des menus. Trois quart d'heures plus tard, lorsque le coursier arrive, Khaled insiste gracieusement pour nous inviter et refuse tout argent de notre part. La conversation se poursuit et Marie Astrid finit par rentrer chez elle.

Je n'ai pas l'impression de le gêner, et je le trouve très intéressant, donc nous reprenons notre discussion autour d'une nouvelle chicha. Cette fois-ci, nous parlons de la communauté musulmane, puis du conflit israélo-palestinien. Ce qui est bien avec lui, c'est que, déjà, il s'y connait bien plus que moi, ce qui fait que j'apprends énormément. Mais en plus -et ce, même si nous ne sommes pas d'accord- chacun écoute l'autre et lui témoigne le plus grand respect pour ce qu'il dit.

Finalement, il est vingt-deux heures passées, et on n'a toujours pas fait nos devoirs, donc, après avoir fait quelques exercices en commun, on rentre chacun dans notre chez nous pour apprendre les caractères pour la dictée du lendemain.

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Commentaires
F
antoine fume la chicha
F
antoine boit de la bière, antoine sort en boite, antoinefule la chicha... mais où va le monde? gros bisoux quand meme petit toinou....
Un français à Beijing
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