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Un français à Beijing
26 septembre 2012

26 septembre, jour 26 :

26 septembre, jour 26 :
Bon, je vous dois des excuses, ça fait quelques jours que je n'ai pas donné de nouvelles précises. Toujours la même raison, rien de très intéressant, juste des petites anecdotes par-ci par-là, que je vais essayer de résumer dans un même post. 
Il y a deux jours, j'ai joué au badminton avec Sara qui était motivée. Au début tout allait bien, mais elle a rapidement perdu tout entrain, concentration et donc précision, du coup, c'est vite devenu rasoir de jouer avec elle. Prétextant qu'elle avait l'air épuisée, je lui permets de souffler en demandant à trois chinois qui jouent à côté de nous, si je peux les rejoindre. Ils acceptent, à moitié gênés, à moitié hésitants. Je ne les ai pas choisis au hasard : ils ne jouent pas trop mal. Ca tombe bien, car moi non plus, ce qui fait qu'on passe de bons moments. L'un des chinois, épuisé quitte un instant le terrain pour aller acheter à boire (il est déconseillé de boire au robinet en Chine, ce qui est très inconfortable quand on fait du sport), nous laissant tous les trois. A ce moment la cloche retentit et les élèves descendent dans la cour. Quelques minutes plus tard, un cri me fait me retourner : un homme chinois d'une cinquantaine d'année, impeccable avise mes compagnons chinois. J'ai à peine le temps de comprendre que c'est leur professeur qu'il s'empare d'une raquette et vient se placer à mes côtés sur le terrain, prenant la place de l'assoiffé. Il est en chemise et pantalon classe repassés, ses chaussures en cuir brillent quasiment, mais c'est excellent car il s'en fout complètement et est à fond dedans. Il n'est pas mauvais et on se marre bien. C'est là que je remarque la relation complètement différente que les élèves ont avec leur professeur : je n'ai pas du tout senti la distance que l'on peut observer en France entre des étudiants et un enseignant. Ce dernier ne leur est en rien supérieur et se garde bien de se prendre au sérieux : au contraire, il les interpelle, rie avec eux ou d'eux, comme un camarade de classe. 
Finalement, il nous quitte après quelques instants. Une heure plus tard, je prends congé de mes collègues bridés, mais, avant de partir, l'un d'entre eux me baragouine un truc incompréhensible en chinois. Devant mon air interrogateur, j'entends un "il te demande ton numéro de téléphone" venu de nulle part. Oui, c'est bien un chinois qui vient de prononcer cette phrase dans un français, douteux certes, mais correct. Avec un grand sourire, je lui donne et recueille le sien, on ne sait jamais. 
Direction la cantine, et, une platrée de nouilles avec des bouts d'omelette et de salade plus tard, me voilà devant mon boulot, avant d'aller dormir. 
Le lendemain, je me réveille étrangement tout seul. Je jette un coup d'oeil à mon réveil : huit heures sept. Et je commence à ... huit heures ... merde. J'y vais, j'y vais pas, un quart de seconde plus tard, ma décision est prise et, quatre minutes plus tard, me voilà dans ma salle de cours, le ventre vide, l'oeil hagard et une tête de déterré, mais néanmoins présent. La prof m'accueille avec un grand sourire. En effet, elle a instauré une règle : ceux qui arrivent en retard achètent une plaque de chocolat, et la distribuent le lendemain aux élèves (et au professeur). J'ai faim et je suis d'une humeur massacrante, mais les minutes passant, mon mal de crâne s'efface lentement.  Finalement, midi sonne et direction la cantine, une fois encore. Aujourd'hui, on teste la cantine des diplomates, bien plus luxueuse que les autres : on a l'impression d'être au restaurant plutôt qu'à la cantine, et nos verres sont remplis avec du thé au jasmin. Pour autant, si les plats sont encore meilleurs, le prix reste globalement le même qu'aux autres. 
Programme de cette après-midi, aller à la réunion d'information des cours de français. Ah oui, je ne sais plus si je vous l'ai mentionné ou non, mais l'oncle de Marie-Astrid, François-Xavier (c'est quoi cette famille ?), est sous-directeur du programme étranger de Centrale Beijing. En effet, l'école Centrale a un relais, ou une filière à Beijing, où les étudiants chinois assistent à des cours de maths et de physique, mais aussi de français. C'est là où on intervient, puisque Centrale recrute : ils ont besoin d'étudiants français, pour donner des cours aux étudiants chinois. Non seulement, nous allons être en contact avec des chinois, mais en plus nous serons payés, pour la modique somme de cent yuans par heure (ce qui est plutôt sympa, surtout en Chine). 
On prend donc un taxi pour Centrale et nous rendons tous les trois (Sara est aussi de la partie), dans la salle indiquée. Quelques minutes plus tard, celle-ci se remplit d'étudiants, (que des français !) et arrivent trois professeurs, dont le fameux François Xavier. Ils nous expliquent en gros ce qu'ils attendent de nous : des choses classiques du genre respecter les élèves, arriver à l'heure et tout ça ; même si la toute première chose qu'il nous ait dite était clairement : NE PARLEZ JAMAIS DE POLITIQUE. Soit, le message est passé. Je me rends compte que la moitié des étudiants est aussi là pour faire passer des khôlles de maths et de physique, ça me rappelle le bon vieux temps. Finalement, le discours du directeur s'achève et il nous annonce que l'on va pouvoir commencer la sélection : ah oui, forcément, ils n'ont pas besoin d'énormément de professeurs, et nous sommes une bonne quarantaine, donc va falloir tailler dans le vif. Pour une fois que ce sont les étudiants français qui sont trop nombreux par rapport aux chinois... Je suis bien tenté par les maths, mais je finis par me rétracter : ce serait quand même le comble que moi, Antoine Duquennoy, fasse passer des khôlles de maths à Centrale, tel le grand Bayens la Hyène. 
Bref, les personnes défilent devant le jury de français, arrive mon tour pour un bref entretien. Ça fait tout drôle qu'on nous demande des choses officielles, non pas en chinois ou en anglais, mais en français. Du coup, ça va tout seul pour répondre aux quelques questions rapides : "Pourquoi la Chine ? Êtes-vous patient (nan nan...) ? Que feriez vous si un élève quitte la classe ? etc.", je réussis même à placer que mes deux parents sont professeurs de français, argument qui j'espère, pèsera lourd dans le choix des candidats. Finalement, nous rentrons tous les trois sous une pluie froide et polluée qui nous glace jusqu'aux os. 
 
 
 
 
Le réveil d'aujourd'hui est fort heureusement à l'heure, ce qui fait que la matinée se passe plus en douceur. La prof nous demande de faire un dialogue avec notre voisin (en l'occurrence Sara), sur une situation de vie : un futur locataire vient faire une visite d'une maison ou d'un appartement avec le loueur. Comme Sara est un peu allumée, on fait un truc assez rigolo et, avant de passer, je demande un mot de vocabulaire qui n'a à priori rien à voir avec ce genre de situation (merci Sara). Quand j'explique à la prof pourquoi j'ai besoin de ce mot, elle éclate d'un rire franc et, chose que j'ai trouvée assez incroyable, me gratifie d'une bourrade amicale dans le dos. Soit, de toutes façons, cette prof est super, donc mei you wenti. Alors que le cours tire vers sa fin (il est bientôt midi), je reçois un sms. Je l'ouvre et, surprise !, que des caractères. Comme je suis meilleur pour comprendre l'écrit que l'oral, je me démerde pour traduire : c'est un des chinois avec qui j'ai joué au badminton l'avant-veille. Il m'invite à jouer, dans un gymnase cette fois (ah oui, j'ai oublié de vous dire, mais la fois d'avant, c'était sur des terrains en plein air, installés dans la cour de récréation). A la fin du cours, je demande quand même à la prof de confirmer mon interprétation du texto et elle m'apprend que ledit gymnase se trouve dans le nouveau campus de la CFAU (oui, dernière nouvelle, il y a deux campus apparemment), qui se trouve... à une heure et demie d'ici. Mince, l'espace d'un instant, j'avais oublié que j'étais à Beijing. Du coup, j'hésite un peu : si jouer au badminton, dans un gymnase qui plus est, est une perspective qui m'enchante, faire quatre-vingt dix minutes de transports en commun bondés de chinois, me fait légèrement reconsidérer la question. Mais bon, j'ai vu Yesman la veille, alors je me dis, autant tenter le coup... S'engage alors une conversation par texto en caractères (la galère !), et, à une heure tapante, nous nous retrouvons tous devant la statue de Zhou EnLai à l'entrée de l'école. Trois petits chinois sont là et me font un signe de la main en souriant : j'ai reconnu mon crew ! On attend le dernier et, surprise, ils sont deux, un couple de tourtereaux (manquait plus que ça). On ne traine pas car la route est longue, et nous voilà dans le bus, puis le métro. Au fur et à mesure que les quarts d'heures passent, le paysage change : on se dirige vers le nord, et on traverse progressivement les différents rings. J'aperçois par flashs un Beijing un peu moins peuplé, un peu moins riche, un peu moins urbain. Nous sommes dans la banlieue et les équivalents des HLM se comptent par centaines. Bon, il ne faut pas croire non plus que pendant toute la route, on n'échange pas un mot, car mes potos ont l'air de me chérir et prennent toutes les peines du monde pour essayer de me faire la conversation. Chinois, anglais (ils ne sont pas mauvais) et même français, on arrive tant bien que mal à communiquer. La copine du gars me parle même d'un livre français qu'elle a lu, mais quand elle me dit le titre (je décèle "san" [trois]) et le nom de l'auteur ("Duomuo"), j'ai beau me creuser les méninges, ça ne me dit rien. Elle commence alors à me raconter l'histoire, mais je la coupe à peine quelques secondes plus tard, c'est l'illumination : Les Trois Mousquetaires de Dumas (WTF) ! Les autres me parlent de sport : ils connaissent Tsonga, Monfils, Tony Parker, sans oublier Benzema et Ribéry. Impressionnant, parce qu'à part le champion de badminton, je serais bien incapable de nommer un sportif chinois.
 
Après une bonne heure de route, nous changeons une nouvelle fois de ligne de métro et, miracle !, j'aperçois Michael sur le quai, la grosse blague. Décidément les rencontres dans le métro, je fais fort moi. Aussi surpris de me voir que moi, il m'explique qu'il rend visite à son ami (la fameuse Neike qui était venue dans notre chambre la dernière fois), qui cette année étudie sur le nouveau campus. Quelques minutes plus tard, nous arrivons finalement, au milieu de nulle part ; on a l'impression d'être dans une campagne (avec néanmoins des HLM) du Tiers-Monde, mais nous sommes toujours à Beijing. On peut observer que la ville est en pleine croissance car les grues pullulent et la ville s'étend de plus en plus vers la périphérie, le nouveau campus en est d'ailleurs un exemple frappant. Finalement, après avoir traversé un terrain vague jonché de détritus et de déchets en tous genres, nous longeons la rue, avant de tourner vers une grande avenue. Magique Beijing : l'avenue est déserte, mais on voit qu'elle a été aménagée récemment ; devant nous s'étale sur plusieurs centaines de mètres l'entrée de l'école, imposante, massive, majestueuse. En compagnie de Michael (c'est excellent, il domine les chinois de plusieurs têtes, on dirait Gandalf avec les quatre hobbits), la petite troupe passe le check-point en montrant sa carte au garde de l'entrée et s'achemine vers l'intérieur.
 
Au fur et à mesure que nous nous rapprochons du centre, nous voyons que le campus a été aménagé comme une ville dans la ville : supermarché, laverie, café, restaurant, rien ne manque, pas même des magasins. Les chinois déblatèrent entre eux et je finis par comprendre qu'apparemment, le gymnase n'ouvre qu'à seize heures trente (il est à peine quinze heures...). Du coup, on passe le temps en prenant un coca au café (ça m'a l'air d'être des chinois friqués). Quelques minutes plus tard, je vois Michael qui, accompagné de Neike, se pose à une autre table du même café. Cette dernière me salue avec enthousiasme comme si on se connaissait depuis toujours et, c'est vrai que je m'entends bien avec elle (pas de panique Chloé, elle n'est pas super belle). Les chinois me regardent tous d'un air effaré : non seulement ils voient un blanc parler à une noire dans la même langue (pas forcément évident), mais en plus ils me voient parler avec fluidité, ce qui j'avoue peut les étonner, vu mon niveau de chinois.
 
Finalement, comme on s'ennuie toujours, un des chinois (je crois que son blaz' c'est Yves) va acheter un paquet de cartes au supermarché. Ils me demandent si je connais des jeux de cartes français. J'envisage de leur expliquer le "pouilleux", mais avant ça, je leur fais mon fameux tour de magie. Quand la carte se retourne à la fin, il y a un silence (je ne mens pas) de deux secondes, puis ils éclatent tous en même temps (aaah ces chinois...). Pour les calmer, je leur explique le fameux "pouilleux", et on commence à jouer tous ensemble. Ils ont l'air d'apprécier car ils se marrent bien. 
Quelques parties plus tard, c'est la délivrance : le gymnase finit par ouvrir. Ca n'a rien d'un grand gymnase : un terrain de volley, quelques paniers de basket, et (seulement) deux terrains de bad. Bon j'avoue, ils sont impecs et ont un revêtement adhérant spécial, mais bon, on est pas mal de joueurs. Un petit aller-retour par les vestiaires et me voilà (enfin) prêt à jouer au badminton. Quand j'arrive, je comprends pourquoi les chinois étaient si forts : à l'exception des deux tourtereaux, ils arborent tous en polo avec inscrit dans leur dos leur nom suivi de la mention "CFAU" : j'ai donc affaire à l'équipe de l'école. Très bien... On s'échauffe tranquillement, puis un petit double, rien de trop méchant. Pendant que deux d'entre eux entament un simple, je rejoins le couple sur l'autre terrain. On fait un double : eux deux contre une espèce de petite fille (sérieux, on dirait qu'elle a quatorze ans) qui ne sait pas jouer, et moi. Heureusement pour moi, les tourtereaux sont moins bons que les autres à côté. Ils sont super gentils avec moi, mais ils m'énervent : moi aussi j'aimerais bien avoir mon amoureuse à côté de moi pour passer mes moments avec elle. Du coup, j'ai un peu la rage et je me débrouille pour, plus ou moins volontairement, les faire courir après le même volant. Résultat, ça ne manque pas : ne regardant que le volant, ils entrent tous les deux en collision à une vitesse assez importante. La fille pleure, le gars le bouffe, j'ai réussi mon coup (Niark). Les quatre d'à côté ont fini leur double, les deux meilleurs me proposent d'en faire un nouveau avec une fille, qui pour le coup ne joue pas mal. Le match est déjà plus équilibré, et donc plus intéressant, mais on finit par le remporter, si bien que l'un des deux me propose un simple avec lui. 
Enfin, on rentre dans le vif du sujet ! Un ou deux volants d'échauffement, ne jamais montrer ses points forts et ses faiblesses. C'est parti, ça commence. Je déroule ma tactique : perdre les premiers points afin de le mettre en confiance et d'étudier son jeu. Bon, je ne tarde pas à être fixé, il est vraiment très bon, fais des smashs très puissants et joue plutôt en fond de cours. Pas besoin de trop me forcer pour perdre les quatre premiers points. Bon Toinou, là ça commence à faire un peu beaucoup, va falloir passer la seconde. Il sert très haut et très loin ; deux options dans ce cas là : soit un smash latéral, soit une amortie du fond de court. Va pour le premier, plutôt puissant, mais il le rattrape quand même, sans montrer de difficultés apparentes. Je remonte de trois points, mais je finis par dégager très haut moi aussi... mauvaise idée, il me cloue le bec avec un smash gagnant. Il reprend le service, toujours haut et long (il a le mérite d'être prévisible), je tente cette fois-ci l'amortie de fond de court : il est incapable de la rattraper, ça paie. On fait environ une quinzaine de points comme ça, où il conserve toujours ses deux points d'avance, mais où j'ai le mérite de ne pas laisser s'accentuer l'écart. Au milieu d'un échange, je feins de smasher, mais au dernier moment, tourne un peu ma raquette pour slicer le volant qui atterrit quelques centimètres derrière le filet. Tiens, il n'a pas bougé d'un pouce, j'ai trouvé sa faille on dirait. Avec sadisme, je le titille sur cette faiblesse et finis non seulement par combler l'écart qui nous séparait, mais en plus à le creuser à mon avantage : je mène de trois points. Satisfait, je tente un service, feinté encore une fois. Tellement bien feinté qu'il atterrit dans le filet. C'est ça Toinou, fais le malin, ça te réussit. 14-12 (en chinois, c'est encore plus drôle), je mène.
A partir de ce moment, aucun des deux ne fait plus la moindre concession à l'autre : pas de flemme, où que le volant tombe, qu'importe sa vitesse, il faut aller le chercher et le renvoyer dans le terrain d'en face. Un tournant semble s'amorcer : on a compris tous les deux qu'on était du même niveau, avec tous les deux la même envie de remporter cette bataille. Deux égos puissants qui s'affrontent, deux têtes brûlées orgueilleuses, bien décidées à ne pas céder un seul point, à s'imposer avec style et élégance devant les autres qui sont de plus en plus nombreux à nous observer. Alors on donne tout ce qu'on a, on déroule toute notre panoplie de coups magnifiques, impressionnants et efficaces. Pour autant, à aucun moment du match, on n'en est venu à haïr celui d'en face : toujours ce même respect du coup gagnant, cette obsession du geste parfait, cet amour pour le badminton. Ce sport qui nous unit, devient pendant un instant notre raison de vivre ; un dégagé au fond, une amortie en avant, un smash latéral, une contre-amortie masquée, on doit danser jusqu'à la fin ce ballet quoiqu'il arrive. Alors on donne tout ce qu'on a, on veut montrer qu'on est meilleur que celui d'en face. Et pour le coup, on fait de jolis échanges : même si la température commence à monter et notre résistance à descendre, les smashs sont des plus en plus puissants, les amorties effleurent le filet, le volant flirte avec les lignes... Endurance, puissance finesse, putain j'adore ce sport ! 14-13 15-13 15-14 16-14 16-15 17-15, aucun des deux ne lâche le moindre pouce de terrain, tant est si bien qu'on arrive à 20-19. Ses smashs sont très puissants, mais autant essayer de m'en servir. J'ai dans mes mains le volant qui peut me permettre de remporter cette lutte acharnée. Allez, on tente le tout pour le tout : je lui fais un service haut et long comme il les aime. Ca a le mérite de le repousser au fond du court dès le début de l'échange, mais ça lui permet de faire un smash. Quitte ou double : si je n'arrive pas à le rattraper, il remporte le point et je perds mon avance à un moment décisif du match ; si j'arrive à le rattraper, je peux remporter le match. Je sers et me positionne immédiatement au centre du terrain, la raquette en avant, pour anticiper sa réponse. Elle ne se fait pas attendre, il me fait un smash du tonnerre, mais je réussis à positionner ma raquette devant : mon bras ne bouge pas mon poignet non plus, j'oppose juste ma raquette à son volant. Résultat : le volant vient rebondir à pleine puissance sur une raquette qui ne bouge pas, qui amortie une partie de l'impact et le renvoie sans que j'ai à faire quoi que ce soit, très court. Il est au fond du court, son smash est tellement rapide qu'il n'a pas le temps d'anticiper le rebond sur ma raquette et de plonger au filet, j'ai gagné. 
 
Aucune rancoeur, le match est à peine terminé qu'on vient immédiatement se féliciter (en haletant) tous les deux, je sais que je viens de me faire un ami. Pendant un quart d'heure, je souffle et je bois histoire de décompresser, en observant un autre match sur le terrain d'à côté. Un autre gars de l'équipe de l'université vient me proposer de l'affronter. J'ai moins chaud, mais je suis toujours aussi motivé. Même tactique, on perd les cinq premiers points, on essaie de juger son jeu, de connaître ses faiblesses. J'ai au début un peu plus de mal avec lui, car il a un jeu totalement différent du précédent : il cherche à tout prix le duel au filet et fait de très bonnes amorties. Mais il est globalement moins bon que le premier. En confiance parce qu'il mène 6-0, il ne s'attend pas à me voir réagir. Manque de pot pour lui, je mets tout au fond de court, insère une petite amortie par-ci par-là, et conclue par un smash, ça ne rate pas. Il commence à douter, ça se voit dans son jeu. A partir du moment où il se braque, c'est gagné, il sort un volant sur deux, peste contre lui-même, et joue encore moins bien. Je remporte avec moins de satisfaction et de mérite le match, mais il n'y a pas, ça me fait un bien fou ce sport. 
 
Deux joueurs prennent notre place sur le terrain, mais n'ont pas le temps de faire trois échanges, que le gardien du gymnase siffle la fermeture. 
Il est dix-neuf heures et j'ai encore une heure et demie de route... Les chinois vont manger dans un restau du nouveau campus, mais je décline leur invitation à les rejoindre. Faut pas abuser non plus, je suis pas du genre sociable, et manger avec eux, puis rester encore une heure et demie en leur tenant compagnie dans le métro, je préfère ma confortable solitude et ma bonne vieille paire d'écouteurs. Je rentre à vingt-et-une heures, et je n'ai pas encore commencé mes devoirs... le réveil va être dur demain matin...
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Commentaires
F
bravo pour tes victoires!!!! finalement on est pas si mal lotis à st françois.... 7 terrains pour un village!!!!bon d'accord aves des moins bons joueurs!!! mais on s'entraine dur pour ta prochaine venue!! gros bisoux flo
Un français à Beijing
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